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Le Malade imaginaireMise en scène Michel Didym

Portée par une remarquable distribution, cette pièce qui met en relief la clairvoyance des propos de Molière dont la pensée politique transparaît à chaque scène.  

Durée : 2h

Veuf, Argan s’est remarié avec Béline qui simule des soins attentifs, mais n’attend en réalité que la mort de son mari pour pouvoir hériter.

Il se fait faire des saignées, des purges et prend toutes sortes de remèdes, dispensés par des médecins pédants et soucieux davantage de complaire à leur patient que de la santé de celui-ci. Toinette, sa servante, se déguise en médecin et lui dispense des conseils pleins d’ironie où elle se moque du ridicule des médecins.

Angélique, sa fille, aime Cléante au grand dépit d’Argan. Il préférerait voir sa fille mariée à Thomas Diafoirus lui-même médecin.

Pour les tirer d’affaire, Toinette recommande à Argan de faire le mort. Sa femme est appelée par Toinette, et manifeste sa joie d’être débarrassée de son mari devant celui-ci, qu’elle croit mort. Toinette appelle ensuite Angélique, qui manifeste un chagrin sincère de la mort de son père : celui-ci arrête aussitôt son jeu et accepte l’union de sa fille avec Cléante, à la condition que ce dernier devienne médecin. Son frère, Béralde, lui conseille de devenir médecin lui-même, ce qu’il accepte. La pièce se termine par une cérémonie bouffonne d’intronisation d’Argan à la médecine.

Présentation en vidéo de Michel Didym

Le Malade imaginaire / Michel Didym

-  Mais enfin, venons en aux faits. Que faire donc, quand on est malade ?

-   Rien, mon frère

-   Rien ?

-  Rien. Il ne faut que demeurer en repos. La nature d’elle même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée. C’est notre inquiétude, c’est notre impatience qui gâte tout, et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies.

Cette phrase de Beralde, le frère du malade, que j’ai lue sur mon lit d’hôpital, a produit sur mon esprit une impression très forte et a immédiatement déclenché une profonde passion pour cette ultime comédie-ballet de l’auteur de Tartuffe et du Misanthrope. Il y avait aussi cette idée qu’il est totalement incongru qu’un homme puisse vouloir en guérir un autre. Que ce serait là une folie, une « momerie ». Tout m’a mené à l’origine de cette pensée, à Montaigne et ses Essais et à son magnifique Voyage en Italie.

Puis, le temps et la nature aidant à raccommoder corps et esprit, décision fut prise de s’attaquer à ce monument de la littérature mondiale !

L’auteur ne le sait pas encore, mais c’est son œuvre testament. Il y met tout son art et tout son savoir-faire, développés dans la fréquentation assidue des dramaturgies anciennes et des comédiens italiens.

La brouille avec Lully, le musicien ami, complice depuis 10 ans de collaboration, s’est transformée en guerre. Lully a désormais l’exclusivité royale pour les orchestres et les chanteurs et Molière devra réduire sa volonté d’opéra à de simples intermèdes.

Mais dans l’action de sa pièce, nul ne lui dicte sa loi. Sa langue et son esprit sont au sommet et il dépasse cette filiation de pensée avec Montaigne en inventant, un piège où la captation d’héritage (où l’on veut envoyer les filles du premier lit au couvent) se mêle à un mariage forcé avec un médecin. Car le père Argan, notre malade, est une sorte de fou. Il met sa fortune et sa passion dans la pharmacie, la médecine et les soins permanents à sa personne. Il veut des infirmières et des docteurs autour de lui. D’autres, en voyant arriver l’âge et la peur de la mort, ont tendance à se réfugier dans la religion comme si leur soudaine bigoterie pouvait leur ouvrir les portes du paradis. D’autres encore se surprotègent et accumulent en vain des précautions inutiles : ils vont jusqu’à ajouter à leur prison physique des camisoles mentales limitant leurs pensées et restreignant l’usage de leur raison au nom de leur santé. Ils perdent le sens de la vie et de l’humour.

« Oui, nous rions beaucoup car très souvent nous avons envie de pleurer » déclarait Georges Wolinski. C’est vrai qu’il faut beaucoup d’humour dans la vie et de la distance, il faut en toutes circonstances rester droit et éveillé.

C’est debout que Molière termina la 4ème représentation du Malade en ce février 1673. Dans sa loge du Palais Royal, sa grande fatigue et le sang qu’on avait vu jaillir de sa bouche lors des derniers « juro » de la cérémonie finale, le poussa à demander une chaise à porteur pour rentrer chez lui et ne pas finir cette fatale nuit.

Il en fallu du courage à Jean-Baptiste Poquelin pour porter haut ce nom de Molière que les persifleurs et les dévots fondamentalistes de la congrégation de Jésus avaient traîné dans la boue, l’opprobre et l’excommunication, lui qui faisait rire des faux dévots et des intégristes de tout bord.

Il en fallait de l’aplomb pour s’attaquer à la faculté de Médecine réactionnaire de Paris et soutenir les thèses des modernes de celle de Montpellier tout en étant ce même malade.

La pensée politique de Molière transparaît aux charnières de chaque scène. Sa vision humaniste, sa confiance dans notre intelligence développent un sens critique aigu dans nos consciences et nous offrent des clés pour démasquer les impostures et savoir discerner la raison du sophisme.

Mais Molière ne serait rien sans sa troupe, il a écrit des rôles savoureux et magnifiques autour d’Argan : pour la femme Béline et les filles Angélique et Louison ; pour Diafoirus et Monsieur Purgon. Surtout, il fait de Toinette la servante, un Sganarelle au féminin sachant mêler mauvaise foi, impertinence et intelligence n’ayant rien à envier à ces Messieurs. Les paroles de Molière contre le mariage forcé sont limpides. La place naturelle qu’il donne à la Femme dans la société, en en faisant l’égale de l’Homme, ouvre le long chemin de combats à venir.

S’il est vrai que « le silence de l’artiste est la fin de la liberté », écoutons simplement la parole de Molière.

Michel Didym

Distribution
  • Mise en scène et jeu : Michel Didym
  • Toinette : Norah Krief
  • Angélique : Sara Llorca
  • Béline : Catherine Matisse
  • Le notaire, Thomas Diafoirus, Monsieur Purgon : Bruno Ricci
  • Polichinelle, Monsieur Diafoirus, Monsieur Purgon : Jean-Marie Frin
  • Cléante : Laurent Prache
  • Béralde : Jean-Claude Durand
  • Louison : Une fillette
  • Musique : Philippe Thibault
  • Scénographie : Jacques Gabel
  • Lumières : Joël Hourbeigt
  • Costumes : Anne Autran
  • Assistanat mise en scène : Anne-Marion Gallois
  • Chorégraphie : Jean-Charles Di Zazzo
  • Maquillage et perruque : Catherine Saint Sever
  • Enregistrement et mixage musique : Bastien Varigault
  • Avec le Quatuor Stanislas : Laurent Causse, Jean de Spengler, Bertrand Menut, Marie Triplet
  • Modiste : Catherine Somers
  • Couturières : Liliane Alfano, Eléonore Daniaud
  • Réalisation des costumes : Ateliers du Théâtre de Liège / Séverine Thiébault
  • Construction du décor : Ateliers du Théâtre National de Strasbourg, Ateliers du Centre Dramatique National Nancy Lorraine

Production

Centre Dramatique National Nancy - Lorraine, La Manufacture

TNS - Théâtre National de Strasbourg Théâtre de Liège

Presse

Voilà bien un spectacle dans lequel on peut avoir confiance, en effet, pour faire entendre, minutieusement, tout le texte de Molière, et pour causer au spectateur autant de gaieté que de trouble. - Le Monde - Blog coup de théâtre – Judith Sibony – Déc 2017

Michel Didym fait le choix de réintégrer les intermèdes musicaux qui sont habituellement effacés de la scène. C’est peut-être ce qui fait l’originalité et le succès de la reprise. C’est surtout parce que ceux-ci se révèlent être des moments où nous sommes secoués par les rires, où l’on en redemande, l’on ne voudrait surtout pas que cela s’arrête… À la fin du spectacle retentissent les applaudissements, se multiplient les bravos. La Revue du spectacle – Ludivine Picot – Nov 2017

Réserver
Représentations

Espace Mitterrand, Figeac
  • mardi 21 juillet 2020 20h30
  • mercredi 22 juillet 2020 21h00
Tarifs

Tarif pleinTarif réduit-découverteTarif passionTarif jeune
série 1 32282215
série 2 23191610

Abonnement découverte : 4 spectacles minimum au tarif découverte.
Abonnement passion : 8 spectacles minimum au tarif passion.
Tarif découverte / réduit : groupes à partir de 10 personnes, comités d’entreprise, détenteurs de la carte Pass Grand Cahors pour les représentations sur Cahors et Grand Cahors, abonnés découverte.
Tarif passion : demandeurs d’emploi et intermittents du spectacles (sur présentation d’un justificatif)
Tarif jeune : moins de 18 ans, étudiants de moins de 25 ans.

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