Spectacle
Lire "Ulysse" de James Joyce, et particulièrement le monologue final de Molly, est une expérience de lecteur vertigineuse. Le dire, est une expérience physique jouissive, organique " A s'en faire péter la machoire !" (extrait du texte) dans la respiration qu'elle implique.
On en ressort dévasté, jeté sur le rivage, après avoir été emporté par les flots de cette parole ininterrompue. Ivre de joie.
Ce livre a été écrit sur huit années par épisodes, dans des revues.
Le roman se déroule sur une seule journée à Dublin (nous suivons Léopold Bloom de 8h du matin à 3h du matin). Il se compose de 18 épisodes. Ce sont des variations stylistiques qui s'inscrivent dans une expérience de l'écriture : un oratorio in progress. Chaque épisode traite d'une science, est relié a un organe du corps humain, à une couleur et à un personnage de l'Odyssée d'Homère, livre fondateur pour Joyce depuis sa jeunesse.
Metteur en scène
Isabelle Luccioni est une artiste inclassable : dans un monde obsédé par le temps elle décide d’accorder deux ans à l’œuvre de Joyce, elle rencontre la traductrice d’Ulysse, s’imprègne du roman…
Avec son double regard de metteuse en scène et comédienne, Isabelle Luccioni se lance le pari de jouer le monologue de Molly, ultime chapitre du roman de Joyce. Dans ce chapitre, la femme de Léopold Bloom, personnage central du livre, est allongée dans son lit et laisse aller le flot de ses pensées. À la lisière du sommeil, cette femme délivre un monologue torrentiel. La parole s’écoule librement et nous offre une plongée au cœur de l’inconscient.
La comédienne reprend ce texte et l’adapte à la scène accompagnée d’un musicien.
Sur scène, Isabelle Luccioni mêle les disciplines (le jeu, le chant) et captive le public. Le tout est mis en relief par les lumières par Bruno Wagner.
La performance a été jouée au Théâtre Garonne de Toulouse en avril 2015.
Note d'intention d'Isabelle Luccioni
Le roman Ulysse de James Joyce retrace le périple incroyable sur une seule journée de Léopold Bloom dans Dublin, le 16 juin 1904 ( jour ou Joyce rencontra sa femme Nora B...). A la fin de l’épisode XXVII, Léopold accompagné de son ami Stéphen Dédalus retourne chez lui passablement éméché. Il décide de quitter Stéphen et rentre chez lui . Il est 3h du matin. Il se couche et s’endort tête bêche près de sa femme (Molly) dans le lit conjugal. L’épisode XVIII commence par le monologue de Molly. En milieu de nuit dans son lit, cette femme déroule sa pensée, dans un flux incessant, comme le sang, comme l’eau qui compose notre corps. Sac et ressac de la pensée... les vagues de notre inconscient. Elle est dans un état de pré-sommeil, à la frontière, à la lisière du sommeil.
Fascinant, ce monologue torrentiel ouvre sur la nuit où se dilatent les forces telluriques de la parole, du corps de Molly : c’est dans la nuit souvent que l’on s’abandonne, c’est dans la nuit que les amants s’unissent, et que l’on murmure un secret et c’est dans la nuit toujours que se jouent les terreurs enfantines. Il ouvre sur cette nuit de l’inconscient.
Lire "Ulysse" de James Joyce, et particulièrement le monologue final de Molly, est une aventure de lecteur vertigineuse. Le dire, est une sensation physique jouissive, organique " A s’en faire péter la machoire !" (extrait du texte) dans la respiration qu’elle implique, une expérience du souffle, qui traverse cette écriture, pulsation interne du "corps" du texte, du corps de Molly B. »
Distribution
- Metteuse en scène / Comédienne : Isabelle Luccioni
- Accompagnement artistique : Laurence BIENVENU
- Scénographe : Toni Casalonga
- Dramaturgie : Céline Astrié
- Créateur Images : Bruno Wagner
- Créateur sonore : Arnaud Romet
- Créateur Lumières : Christian TOULLEC
- Conseil artistique : Isabelle Ayache
- Musicien : Philippe Gelda
- Création Costume : SOHUTA
Production Compagnie Oui Bizarre / Coproduction Le théâtre Garonne - Scène Européenne –Toulouse, Le Parvis, Scène Nationale de Tarbes Pyrénées, Scène Conventionnée Théâtre et Théâtre Musical – Figeac/Saint-Céré, Théâtre le Hangar - association Lohengrin, Le Ring et Théâtre 2 l’Acte
Presse
Dire que l'«Ulysse(s)» présenté trois soirs durant aux Nouveautés par Isabelle Luccioni était empreint d'un souffle homérique est une entrée en matière facile. Mais c'est surtout une évidence. (...) la comédienne a fait sien le monologue de Molly Bloom, un des personnages de l'«Ulysse» de James Joyce, œuvre coriace, abrupte, qu'Isabelle Luccioni a donné à entendre avec brio et une certaine audace, puisant dans chaque recoin de son corps de quoi extraire la moelle d'une langue pas toujours simple.(...)
Les tabous sont alors abattus et la langue de Joyce trouve une expression toute charnelle, délivrée en pulsations, quasi orgasmiques, comme la petite musique d'une vie meurtrie par les solitudes, les abandons. Par les naufrages, que la voix de sirène d'Isabelle Luccioni, ensorcelante au final, permet de suivre avec délice.
La Dépêche - Tarbes, 10 octobre 2015, D.G.
On savait cette comédienne et metteur en scène toulousaine talentueuse, mais on ignorait ses qualités de chanteuse : incroyables ! Par ailleurs, Isabelle Luccioni rend l'impudique texte de Joyce avec un « naturel » et une habileté touchantes.(...) Isabelle Luccioni se tire avec beaucoup d'assurance de cet incroyable portrait féminin (...).
La Dépêche du midi, 4 avril 2015, A.H.
« Isabelle Luccioni a réussi son retour sur les planches(...) dans les caves du théâtre Garonne.(...). De la langue de Joyce (...) Isabelle a composé sa propre musique, offert sa propre respiration de femme quinquagénaire.(...) En femme et en comédienne libres, Isabelle Luccioni a plié le monument littéraire à sa propre cadence(...) Elle a aussi imposé sa vision scénographique d'un dépouillement radical (...) préférant proposer à l'intimité des galeries souterraines du Garonne une forme plus en phase avec son vécu intérieur.
Quelque chose comme une photographie sans retouche de son être, ici et maintenant. (...) Voilà peut être le secret de ce joli moment de partage qui s'apprécie plus qu'il ne s'explique : la sincérité de l'objet théâtral. (...) Jusque dans la densité des chants d'Isabelle - mais quelle voix ! - qui posent sur ce petit bijou la pierre précieuse qui emporte le morceau. »
Bénédicte Soula, Le Brigadier, mai 2015
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