Durée : 2h
Note d’intention du metteur en scène
« Notre histoire est commune.
Par-delà les cercles concentriques de nos identités personnelles, familiales, sociales et culturelles, nous sommes humains, issus de père et de mère, et ce quelque soit notre mode d'engendrement. Autrement dit, par-delà tout ce qui nous différencie, nous avons ce caractère commun d'être sensible, désirant et mortel, et c'est celui qui pour tous et pour toujours, il faut l'espérer, s'avèrera décisif.
C'est ce déterminisme-là qui a généré, sous toutes les latitudes et à toutes les époques, des mythes si divers mais si semblables : cycles fantasmatiques de naissance et de mort, ou d'immortalité, pétris de désir et de violence, en lesquels s'inventent et s'affrontent divinités métaphoriques et figures héroïques, toutes images d'une humanité emblématique et sublimée.
Aujourd'hui, à l'échelle planétaire et sous les auspices d'une révolution technologique, un nouveau monde s'engendre dans la violence.
Dans les soubresauts des empires émergents ou finissants, dans la crainte de la grande dilution mondialisée, et toujours à des fins de domination, les clivages identitaires se revendiquent, s'affirment et s'affrontent.
Les pouvoirs politiques et religieux, et leurs prétendants, usant à cet effet de tous les subterfuges et manipulations possibles, notamment du passé, il peut être souhaitable de revenir - par-delà les « romans nationaux » aux visées équivoques - à ce qui existe de commun et de préalable, et nous unit et peut nous rassembler...
C'est donc un désir lucide qui nous anime, celui de relire ce qui fut dit à l'aube de notre civilisation, lorsqu'il s'est agi pour les initiateurs de l'idée démocratique (et dramatique) occidentale de poser les fondements d'une société humaine clairvoyante et d'en représenter la genèse.
Après avoir, au travers des prismes de Baudelaire et de Whitman, ainsi que par ma propre écriture, travaillé depuis six ans à comprendre les ressorts du basculement qui s'est opéré au cours du 19ème siècle et qui a engendré notre modernité Ô combien tragique, je ressens maintenant la nécessité d'aborder ce lointain rivage des origines. Et je souhaite l'aborder en équipage, sans présumer de ce que nous y découvrirons, avec pour objectif de se réapproprier ces mythes fondateurs enfouis sous la trivialité et l'anecdotique marchands, et de remettre à jour au sein de l'assemblée théâtrale chaque questionnement qui surgira de notre exploration.
Pour ce qu'elle contient de tragique « historique », familial/filial, féminin/masculin, de dettes de sang en affirmation de puissance, de soif de justice en pulsion de meurtre, mais aussi pour ce qu'elle embrasse de formes théâtrales, des chœurs aux monologues, du spectaculaire à l'irreprésentable, du sublime au grotesque - enfin, pour ce qu'elle permet de dire du monde des femmes et des hommes tel qu'il continue de s'inventer dans le pire et le meilleur - pour toutes ces raisons, L'Orestie d'Eschyle est un continent qui nous fascine et reste à découvrir.
Pour commencer. »
Laurent Pérez
L’œuvre
Un chœur est là, au plateau. Il a une histoire à raconter. Celle de L’Orestie. La trilogie d’Eschyle, composée d’Agamemnon, des Choéphores et des Euménides, représente le crime, la vengeance et l’expiation.
La troupe propose une adaptation concentrée autour de la tension et le tragique évènementiel qui prennent une part importante dans les deux premières fables, tandis que la dernière pièce est plus dialectique, et donc traitée différemment en mettant en valeur sa particularité symbolique. Autrement dit, entre les deux premières pièces et la troisième, une rupture esthétique est imaginée, que l’on pourrait nommer comme étant celle du champ du mythe intemporel à celui d’une folie contemporaine. Contemporaine oui, car L’Orestie, c’est aussi, du point-de-vue des comédiens, une histoire de la condition des femmes dans ce monde d’hommes. Nous ne pouvons pas nous empêcher de faire un parallèle avec notre société actuelle, à une moindre échelle tout de même. Ces questionnements essentiels sont donc mis à découvert face au public, qui, à cet endroit plus encore qu’à l’accoutumé, est partie prenante de ce débat. Il devient le peuple, il est l’Aréopage, il est l’instance à qui il appartient in fine de se prononcer. L’un des désirs majeurs de la compagnie est donc que le public assiste au procédé de mise en interprétation de ce texte, qu’il en soit complice et acteur. Un pari fou qui s’avère gagnant.
Distribution
- Adaptation et mise en scène : Laurent Pérez
- Avec : François-Xavier Borrel
- Régis Goudot
- Électre : Clémence Da Silva
- Sylvie Maury
- Laurent Pérez
- Cassandre : Agnès Claverie
- Percussionnsite : Roland Bourbon
- Vidéaste et créateur son : Mathieu Hornain
- Scénographe : Camille Bouvier
- Créateur Lumière : Didier Glibert
- Dramaturge et collaboratrice à la mise en scène : Sarah Freynet
- Costumière : Alice Thomas
Production Cie L’Émetteur. Coproduction Théâtre Sorano, Théâtre de la Cité - Toulouse, Théâtre Jules Julien. Avec le soutien de ScénOgraph - Scène Conventionnée pour le Théâtre et Théâtre Musical / Figeac - Saint-Céré, du Théâtre de la Maison du Peuple de Millau et Du Grenier à la Scène. Ce spectacle reçoit le soutien du Collectif En Jeux - Occitanie en scène.
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