À la mort de ma mère, les souvenirs se libèrent, pour la première fois je prends la plume et j’écris l’histoire de notre famille si singulière. (C’est aussi une façon de faire revivre ma mère et d’en faire un hommage). Les mots font images et les images font écriture. Des petits tableaux naissent avec précision. C’est l’occasion pour moi de rire beaucoup. Je reconstruis une nouvelle histoire familiale renversant son tragique en fable comique brossée à la Honoré Daumier, inspirée de mes lectures récurrentes du Combray de Marcel Proust, au premier chapitre d’À La recherche du temps perdu. L’idée me vient alors d’en faire théâtre, je viens alors mentir-vrai à partir du moment où je le joue, me voilà passée ailleurs, je dépasse le cadre personnel autobiographique et familial, je crée une fiction : La Mate puis Juliette et les années 70. Ce volet raconte la vie de Juliette dans les années 70 - 80 : son collège, son lycée, l’aumônerie, ses premières amours, son apprentissage au théâtre... Les crises de folie récurrentes du Pater, les boutiques exotiques prolifiques de la Mate à Pornic et à Nantes, sa folle ascension suivie de ses faillites successives.
Flore Lefebvre des Noëttes
Conception, univers musical et scénographie
Lorsque j’écrivis La Mate, l’enfance, je commençais en même temps la suite de mon histoire familiale. La Mate se finissait sur un appel à la liberté de Juliette, (moi) et l’on verra dans Juliette et les années 70 comment elle arrive à se libérer de sa famille par les amours et le théâtre. Pour parfaire cette écriture, je retournais sur les lieux de mon adolescence, mon collège du Lycée Hector Berlioz, mes camarades de l’époque je les interrogeais, nous avons regardé ensemble des photos de ces années-là, je retournais également à mon paradis perdu de Saint-Michel-Chef-Chef, avec la chanson (Les paradis perdus) de Christophe en tête. J’y retrouvais mon premier grand amour Pierre-François Rousseau, je revoyais les paysages inchangés autour de notre Villa Saint Louis, me baignais dans les rouleaux gris vert de l’océan atlantique, y retrouvant avec une force édifiante les souvenirs enfouis depuis plus de 40 ans. De ce que j’avais écrit sur mon adolescence je pouvais en vérifier toute la teneur et la véracité. J’avais 58 ans et je redisais adieu à ce pays de la Loire-Atlantique que je quittais sans nostalgie à 17 ans, pour me plonger la tête la première dans les souvenirs exclusivement parisiens de mon apprentissage au théâtre, l’Ecole Charles Dullin aujourd’hui disparue, les cours révolutionnaires de Daniel Mesguich, le Conservatoire National d’art dramatique de Paris avec Pierre Debauche. Enfin je parcourus Nantes et Pornic à la recherche des boutiques que la Mate créa dans les années 70, qu’étaient-elles devenues ? Les murs seuls leurs ressemblaient. Mais je revoyais tout, tout, tout. Les crises du Pate et les dépenses folles de La Mate. Leur mort clôture cette période.
La direction d’acteur laisse la part belle au jeu qui restera lyrique et comique. Tous les personnages de la fiction sont joués par moi : Le Pate, la Mate, mon frère Guillaume, les profs du collège et ceux du lycée, les profs de théâtre. La parole, je la scande de chansons et musiques de Moustaki, des Beatles, Pink Floyd, Deep Purple, Nino Ferrer et Suzi Quatro.
La scénographie : Une chambre blanche abstraite, des tapis blancs à poils longs, deux coussins, une chaise, un tourne disque et des 45 tours et 33 tours, un appareil à diapos et de l’encens Indien. Sur un porte manteau des robes hippies, un drap rouge de théâtre, une couronne de fleurs.
Les lumières psychédéliques de Laurent Schneegans et la collaboration artistique d’Anne Le Guernec donnent à ce spectacle toute la force, la folie et le dynamisme des années 70/80.
Distribution
- Texte, conception et jeu : Flore Lefebvre des Noëttes
- Collaboration artistique : Anne Le Guernec
- Lumière : Laurent Schneegans
Production : En Votre Compagnie.
Coproduction : Comédie De L’Est - Centre dramatique national d’Alsace
Avec le soutien de La Colline – Théâtre national
Presse
La mise au théâtre de cette trouée dans l’obscurité de la jeunesse, avec une vigueur qui semble attraper le passé pour en inverser l’amère saveur, laisse les témoins que nous sommes admiratifs, groggys et dans l’amour qui, parfois, naît de la haine et de la douleur. Webthea - Gilles Costaz
D'une écriture sûre et belle, elle croque chacun avec humour et tendresse. Par elle, avec elle, se réveille toute la mémoire d'une certaine France. Celles des Moustaki, des Pink Floyd, des Beatles... La Croix - Didier Mereuze
Burlesque, caustique, mais aussi délibérément lyrique, romantique dans son amour des phrases qui cernent la sensation, comme Proust, la comédienne nous embarque avec passion et avec gouaille vers les rivages salutaires de sa jeunesse, les amours et les cours de théâtre, avec une malice et un bagout rafraichissants. Artistikrezo - Hélène Kuttner
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