Durée : 1h10
La Mate l’enfance
La Mate l’enfance, spectacle créé en février 2014 à la Comédie de Picardie, est l’histoire d’une famille dans les années 60, famille nombreuse catholique, dont le père militaire était bipolaire, et la mère « Mère courage des années 60 », tenue d’élever leurs dix enfants en plus des trois filles qu’il eut d’un premier mariage. Juliette les appelait : « le Pater » et « la Mater » ou : « le Pate et la Mate ».
L’histoire de la Mate, la direction d’acteur et la mise en scène
A la mort de ma mère, les souvenirs se libèrent, pour la première fois je prends la plume et j’écris l’histoire de notre famille si singulière. (C’est aussi une façon de faire revivre ma mère et d’en faire un hommage). Les mots font images et les images font écriture. Des petits tableaux naissent avec précision. C’est l’occasion pour moi de rire beaucoup. Je reconstruis une nouvelle histoire familiale renversant son tragique en fable comique brossée à la Honoré Daumier, inspirée de mes lectures récurrentes du Combray de Marcel Proust, au premier chapitre d’ À La recherche du temps perdu.
L’idée me vient alors d’en faire théâtre, je viens alors mentir-vrai à partir du moment où je le joue, me voilà passée ailleurs, je dépasse le cadre personnel autobiographique et familial, j’en fais un acte de sublimation et de création, je crée une fiction : La Mate.
Le fait de réécrire cette histoire créait du lien avec moi-même, me rendait légère, et incarner cette fiction devant un public, créait entre les spectateurs et moi un renouvellement et une extension de ce lien. Cette légèreté d’être et ce rire qui me prenait en écrivant ces petits tableaux, se communiquaient, après chaque représentation la parole se libérait du côté du public, un écho, un dialogue se créait tout naturellement. Ainsi le chemin que j’avais fait vers moi-même, le spectateur le faisait vers lui-même et se libérait à son tour par les mots. Amener les gens à se retrouver eux- mêmes, les amener à l’universel par le rire est une expérience enrichissante pour chacun.
À la fois comédienne et peintre, le style de l’écriture de La Mate est truculent et évocateur, on y entend et on y voit une succession de petits tableaux drolatiques parfois proches d’un Hanok Levin. Mon style en tant que comédienne est épique et lyrique, de caractère comique, ce qui permet au public de rire beaucoup tout en étant touché par la profondeur humaine de l’histoire que je j’interprète.
Dans une forme sobre, la direction d’acteur d’Anne Le Guernec laisse la part belle au jeu. Tous les personnages de la fiction sont joués par moi : le Pate, la Mate, la grand-mère, les voisins, la boulangère Melle Mathieu, le jardinier Jojo Pathelin etc...Pour les lumières et la scénographie j’ai tout de suite pensé à Malevitch, carré noir sur fond blanc et carré blanc sur fond noir, des formes abstraites, rectangles, carrés, cercle, diagonale. Sur une idée d’Elisabeth Mazev, j’ai décliné toutes sortes de cloches tintinnabulant le temps qui passe, évoquant la messe, une cloche de vache pour l’appel au diner, une cloche plus grave encore pour les mots et expressions interdits, quatre cloches pour mai 68, toutes font et défont la petite madeleine de Proust de Juliette. Une envolée de feuilles annotées, photos, pétales tapissent le sol au fur et à mesure du spectacle, c’est un appel à la liberté. Les chansons des années 60, le costume noir comme de l’encre, le tapis de danse blanc mat comme une page à écrire, le pupitre noir où s’ouvre le grimoire à mémoire créent un tout rêvé, touchant et comique.
Flore Lefebvre des Noëttes
Distribution
- Texte, conception et jeu : Flore Lefebvre des Noëttes
- Costume : Laurianne Scimemi
- Collaboration artistique : Anne Le Guernec
- Lumière : Laurent Schneegans
Production : En Votre Compagnie.
Coproduction : Comédie de Picardie Avec le soutien du Théâtre du Nord, de la Comédie De l’Est-centre dramatique d’Alsace, du CDN Besançon Franche-Comté et de la Maison des métallos – Établissement culturel de la Ville de Paris
Presse
Le texte est d'une facture originale, vive, la bande-son évoque les années 50-60. La comédienne est immense. Un très grand clown, expressif, une tragédienne, sobre et profonde. Un moment de pur théâtre. Magnifique. Blog du Figaro - Le Grand Théâtre du monde - Armelle Héliot - Juillet 2015
L’écriture est à l’image de son jeu : vive, drôle, généreuse, truculente, colorée, dépourvue de tout narcissisme, pudique même. On rit, on est ému. Renvoyé à sa propre histoire. La Croix - Didier Méreuze - Juillet 2015
Dans le très (trop) riche défilé festivalier des "seuls en scène", en voilà un joué drôlement, finement, qui tient la route. Le Canard Enchaîné - Jean-Luc Porquet - Juillet 2015
Archives
- festival 2024
- festival 2023
- festival 2022
- festival 2021
- festival 2020
- festival 2019
- festival 2018
- festival 2017
- festival 2016
- festival 2015
- festival 2014
- festival 2013