Écrivain américain né en 1891 à New York, dont les grands-parents ont émigré d’Allemagne via Londres, Henry Miller est d’une famille modeste. Son père était patron-tailleur, sa mère a eu la charge sa vie durant d’une enfant simple d’esprit. Depuis son enfance, Henry Miller est un grand lecteur et fait souvent la lecture à son grand-père. Il quitte très vite l’université gratuite qu’il a pu intégrer car les cours de littérature lui semblent d’un académisme mortifère. Destiné à travailler avec son père, il s’y essaie pendant trois ans avant de s’émanciper. Il se sent écrivain et écrit à l’âge de 21 ans un premier roman pour son employeur sur la vie des télégraphistes – sujet qui ne le satisfait pas. Après de nombreux errements, une fille et deux mariages, il rejoint Paris en 1930. Il a alors 39 ans, vit dans la misère, est fasciné par Cendrars et Céline qu’il lit en français. Grâce à sa rencontre avec Anaïs Nin, il finit par écrire à 43 ans Tropic of cancer, livre qui le hante depuis toujours. Il parcourt l’Europe et fait en 1939 un voyage d’importance en Grèce, qui nourrira Le Colosse de Maroussi.
En 1944, rejoignant les États-Unis, il s’installe à Big Sur en Californie, dans un havre de nature aux conditions de vie difficiles mais au calme indispensable à son épanouissement d’écrivain. Il se remarie et a deux enfants.
Dans les années 1960, il se débat dans des procès liés à son œuvre que l’on veut faire passer pour pornographique. Il combat pour la liberté d’expression et ouvre la voie à une littérature d’introspection de l’âme humaine à partir du récit sans concession de soi-même. Il cherche sans relâche à consigner tout ce qui a été jusque-là omis selon lui dans les livres. Il meurt en 1980 à 89 ans.
Le Sourire au pied de l’échelle est l’un de ses deux textes préférés, avec Le Colosse de Maroussi. Œuvre atypique, il s’agit à l’origine d’une commande de Fernand Léger pour illustrer ses peintures sur le clown. À la suite d’un différend avec Léger par rapport à son texte, il décide de le faire publier en 1948 avec des illustrations de Picasso, Chagall, Rouault et Klee, avant une nouvelle édition en 1958 avec ses propres œuvres picturales.
Son credo étant qu’il vaut mieux se cramponner au bas de l’échelle que se griser d’élévation, il brosse le portrait émouvant d’un clown à la recherche de lui-même, pris dans ses propres contradictions. Au-delà de l’émotion liée à l’imaginaire du cirque, Henry Miller trace la lutte contre sa propre hypocrisie. Comment être sincère avec soi-même ?
Son texte sera mis en musique par Antonio Bibalo en 1964 à l’Opéra de Hambourg et lu à Nice en 1968 par Henri Massadeau. Il n’a encore jamais été adapté en France pour le théâtre.
Henry Miller, être profondément lumineux alors que ses romans sont âpres, laisse entrevoir dans ce court récit ce que peuvent être les luttes intérieures pour arriver à soi-même. Celui qui fut tout au long de sa vie attaché à la recherche du bonheur livre ici un petit manuel de la joie.