Il a dit c’est bien quand je la frappe après elle fait mieux l’amour. L’autre, le gars, l’homme (?), il a dit c’est bien quand je la frappe après elle fait mieux l’amour. Dis, et un coup dans tes couilles, ça te fait bander plus haut ? On fait le test ? Viens ici que je te dérouille, que je te fasse cracher ta bile par-dessus ton zizi, que je te fasse cracher ta bite, que je te fasse cracher ta bile par-dessus ta bite.
Le sujet est terrible, sociétal, médiatique et médiatisé – enfin.
On continue pour autant à égrainer, jour après jour, le nombre des victimes (de coups, d’acharnements, d’insanités), on continue à comptabiliser les mort.e.s. Urgence. À pied, en train, en péniche, en voiture... de Toulouse à Sète en passant par St- Céré, Auch, Foix, Avignon, Perpignan ou Limoux, les détours pour aller rejoindre les amis, les raccourcis qui rallongent, dans des lieux dédiés ou non, publics ou privés, se donner des rendez-vous, des écoutons-nous, parlons- nous, bougeons-nous, des brûlons ensemble, autour de la lecture de Même si ça brûle. On vient, on écoute, on entend, on discute et après...
Même si ça brûle n’aborde pas le féminicide ou l’altéricide, de front, de plein fouet et pourtant, ne parle que de ça - ou presque, tout en digressant par à- coups sur mon rapport à l’écriture, la difficulté ou pas à la faire entendre et en développant en parallèle d’autres problématiques sociétales (le rapport au texte dans le système scolaire, le rapport des programmateurs avec les publics...). A priori, rien à voir avec le sujet ?
Je veux, femme et artiste, appuyer là où ça saigne, inviter à la prise de conscience, à des prises de position, de décisions, à des actions constructives, à d’autres possibles à féconder - toujours.
Alors. Partir sur les routes le texte dans une main, une valise vide dans l’autre à remplir des témoignages des personnes rencontrées, des écrits issus des ateliers avec des femmes et des hommes touché.e.s par le propos - victimes, témoins, personnels aidants, personnels soignants, policiers... partir sur les routes rejoint en trajet ici et là par l’auteur/ réalisateur Loran Chourrau.
Rappelle-toi il a dit c’est bien quand je la frappe après elle fait mieux l’amour. L’autre, le gars, l’homme (?), il a dit c’est bien quand je la frappe après elle fait mieux l’amour.
Et moi je dis, et un coup dans ses couilles, ça le fait bander plus haut ? Rappelle-toi personne et rien de ce que tu fais ne justifie les coups. RIEN. Si tu veux, on discute.
Même si ça brûle
est une effraction poétique au cœur du quotidien.
Le texte
n'est pas un documentaire, nous y veillons.
Le texte
n’est pas une narration agglomérant les informations pour nous délivrer une histoire et construire une
architecture d’indentifications.
Emprunts à Robert Cantarella
Même si ça brûle est un objet artistique à trois têtes :
*le texte et la performance
*le film
*le livret designé par Loran Chourrau, rassemblant des
extraits de textes des participants rencontrés en ateliers ou en interviews ainsi que le texte de Même si ça brûle.
Même si ça brûle est un voyage dans le temps et sur les territoires, vers les populations proches et éloignées,
urbaines et rurales, jeunes et anciennes, avec :
*dans un premier temps, la lecture / conversation du texte original
*dans un deuxième temps, des retrouvailles autour du film de Loran Chourrau et du recueil de textes nés de ces rencontres et de nos traversées.
Anne Lefèvre
Avec intégrité et détermination joyeuse, elle pratique le questionnement du monde dans des langues d’aujourd’hui, en complicité avec des artistes soucieux d’humanité. Convoque les individus autour de propositions artistiques dont on pourrait dire qu’elles procèdent du geste même de la cène, du partage même d’un repas soigneusement préparé à des fins de construction et non de déconstruction de l’être.
Responsabilité de l’artiste dans le choix de ses convocations autour de propos, fonds et formes, qui interrogent, stimulent, encouragent l’esprit, mettent en mouvement la pensée, revisitent nos certitudes.
Sa démarche artistique est avant tout un process où le cœur du poème se donne à voir et entendre dans des écritures de plateau ancrées dans des exigences performatives et pluridisciplinaires portées par des acteurs, artistes, écrivains... tout entiers investis dans l’adresse d’un dire vital aux présents.
Le texte en est un élément constitutif indéniable mais pas le seul. Le mouvement, la danse, la vidéo, le son, la musique, l’instant, la surprise incarnée et palpitante, le soin que l’acte apporte en sont tout autant essentiels. Comme dans une construction amoureuse, il s’agit de construire AVEC. Dans un rapport vivant à soi et à l’autre, dans un rapport attentif au monde. Dans la convocation d’un libre arbitre individuel consubstantiel de ce qu’est le vivant.
Distribution
- Anne Lefèvre
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