Plus grand que moi est un tableau impressionniste de notre époque à travers le portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui, Cassandre Archambault, qui interroge sa place dans le monde, ce qu’elle a d’unique et ce qui la relie aux autres. Dans une performance aussi physique que verbale, elle met en scène les multiples dimensions de notre existence, du loufoque au tragique. À travers la géographie de son propre corps qu’elle mesure sous nos yeux, ce sont nos petitesses et nos grandeurs quotidiennes qu’elle explore, nos aspirations, notre quête de sens.
Plus grand que moi est un questionnement existentiel joyeux sur le déterminisme et sur le libre arbitre, sur le mot Liberté à l’échelle d’une vie. Entre destin individuel et horizon collectif, c’est une prise de mesure de la tension qui agite chacun. C’est un pied de nez à notre époque anxiogène et grimaçante, un pacte imaginaire passé avec les spectateurs pour affronter ensemble le fracas du monde. C’est aussi un voyage entre rêve et réalité, une parole impertinente sur l’émerveillement d’être au monde, tout pourri qu’il soit.
Une rencontre
Vidéo : Nathalie Fillion nous parle de la genèse de cette création.
À l’origine du projet, ma rencontre avec Manon Kneusé, jeune actrice que j’ai dirigée à sa sortie du conservatoire dans A l’Ouest, un de mes spectacles. Sa sensibilité à mon écriture, à ses rythmes, à sa fantaisie, à ses tremblements aussi, était là, comme une évidence. La vie des écrivains de théâtre est faite de ces rencontres avec des interprètes, et nous savions toutes deux que nous retravaillerions ensemble.
Un jour que nous avions rendez-vous dans un café sur les quais de Seine, je l’ai vue arriver haute de son mètre quatre-vingt-un, droite sur sa bicyclette, cheveux au vent, pédalant ferme et joyeusement dans le soleil sur les pavés hostiles, radieuse. Ceux qui ont déjà pédalé sur les pavés hostiles savent qu’y rester radieux n’est pas donné à tout le monde. Je me suis dit : décidément, cette fille est inspirante. Et cette image de vie, ce mouvement sur fond d’eau stagnante du canal de l’Ourcq, se sont gravés dans ma tête. J’y ai vu comme une métaphore de la vie de tant de femmes. Leur quête quotidienne pour s’arracher, hautes et droites, à la pesanteur d’un monde qui leur est si souvent hostile. Cet effort constant pour avancer, surmonter les obstacles, s’emparer au jour le jour de cette liberté toute neuve à l’aune des siècles, et la défendre pas à pas, timides ou téméraires, dans un esprit de conquête joyeuse.
Parce que Manon est une grande actrice d’un mètre quatre-vingt-un, parce qu’elle porte en elle l’énergie des femmes éprises de liberté et une exigence d’artiste, j’ai eu tout simplement envie d’écrire pour elle un texte sur mesure : Plus grand que moi. Envie aussi que ce texte nous dépasse toutes les deux et nous entraine dans un vertige de fiction et de réalité, une quête de sens dans le chaos de la vie et le fracas de ce début de siècle grimaçant. C’est la première fois que j’écris pour une actrice. Ce geste est une aventure à part entière, une expérience d’écriture, et de vie.
Nathalie Fillion, Paris, mars 2016
Plus grand que moi est publié aux éditions Les Solitaires intempestifs, préface de François Angelier.
Distribution
- Texte et mise en scène, scénographie : Nathalie Fillion
- Jeu : Manon Kneusé
- Avec la voix de : Sylvain Creuzevault
- Chorégraphie : Jean-Marc Hoolbecq
- Création lumière : Jean-François Breut, adaptée par Nina Tanné
- Création sonore : Nourel Boucherk
- Conseils chorégraphiques : Charlotte Villermet
Production
Théâtre du Baldaquin, Théâtre de l’Union – Centre Dramatique National du Limousin, Théâtre du Nord - CDN Lille-Tourcoing- Hauts de France
Avec le soutien de La Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon, CNES, et de Faits & Gestes (accueil-studio au Foyer de Marminiac). Projet bénéficiant du dispositif d’aide à la coproduction de la Région Nouvelle-Aquitaine.
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