Tous les poètes habitent ValparaisoCarine Corajoud / Dorian Rossel

Durée du spectacle : 1h10

Deux poètes homonymes à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. Des vers empruntés devenant le symbole d’une jeunesse chilienne insurgée contre Pinochet. Une supercherie littéraire et politique découverte dans les pages d’un journal suisse, vingt-cinq ans plus tard. Telles sont les grandes lignes de cette aventure à couper le souffle, inspirée de faits réels. Carine Corajoud et Dorian Rossel s’emparent de ce tour de passe-passe historique pour livrer sur les planches cette enquête sur la trajectoire d’une œuvre poétique qui a traversé les frontières et les époques. Avançant par récits enchâssés, Tous les poètes habitent Valparaiso est un spectacle haletant aux multiples rebondissements et mises en abîmes, qui questionne les destins entremêlés, le hasard et la vie des œuvres lorsqu’elles échappent à leurs auteurs. La poésie, aussi, comme mystérieux lien entre les êtres. Un thriller théâtral magnifique.

Note d'intention

Avec cette nouvelle création, il est question de destins entremêlés, de récits personnels et de hasards, mais aussi et surtout peut-être, de relations singulières à la création artistique, chaque personnage éprouvant à sa manière un désir d’invention et d’authenticité. Pourquoi créer et comment ? Que faire de nos résistances et de nos élans irrépressibles ? Que devient une œuvre une fois qu’elle échappe à son auteur ?

Ce spectacle met au jour une énigme que l’art nous soumet : ce que nous éprouvons face à une œuvre et ce qui est transformé, voire libéré en nous dans cette expérience. Ici, un poème de jeunesse écrit à Genève soulèvera des foules à Santiago du Chili, obsèdera un universitaire opiniâtre et deviendra la colonne vertébrale d’une création théâtrale. En une juxtaposition de récits, d’époques et de géographies, notre spectacle mène l’enquête.

D’une galerie de personnages émergent trois principaux : un journaliste suisse à la retraite, un artiste chilien et une comédienne canadienne. Tous sont mus par le même impératif : donner du sens à leurs actions et accéder à une forme de vérité. Ces trois récits nous conduisent progressivement vers une même résolution : l’instant T où leurs trajectoires se rejoignent. La collision entre ces êtres transforme notre perception de cette histoire, renversant ce que nous pensions avoir compris des personnages.

« La spécificité de notre espèce », écrit Nancy Huston, « c’est qu’elle passe sa vie à jouer sa vie. » Nous naviguons entre les expériences que nous faisons du monde et l’observation rétrospective de ce qu’elles ont produit en nous. De ces allers-retours, nous tirons nos convictions, notre propre définition et reconstruisons, jour après jour, notre si singulière fable personnelle.