Novelliste d’exception, elle a passé sa vie à tenter d’écrire un roman sans jamais y parvenir. Grâce à cette comédie, nous traversons trente ans d’une vie de femme et d’écrivaine à travers son regard perçant, presque haineux sur la société américaine, du cercle New-Yorkais de « l’Algonquin », jusqu’à la Lutte pour les droits civiques des noirs en 1960, en passant par son brillant « grand Oral » devant la Commission Anti-Américaine de McCarthy, raconté avec une rage et un humour dévastateur. On y croise les figures d’Hemingway, Christian Dior, Martin Luther King et Marylin Monroe. La vie de Dorothy Parker fut son roman.
Vidéo: Extraits du spectacle
La pièce vue par l’auteur
Les raisons qui font que l’on écrit sur tel sujet ou sur tel autre sont souvent mystérieuses. Ça vous attrape et ça vous met à la table en vous disant « Montre-moi maintenant ce que tu es capable de faire, pauvre type ! ». Souvent c’est un personnage qui se manifeste et qui vous hante au point de vous faire passer aux aveux de votre propre existence. Mais est-ce suffisant ?
Une fois passé ce qui fait écho en moi dans le personnage de Dorothy Parker (les questions autour de l’écriture, la peur de "ça", la façon de s’engager qui est davantage une manière de manifester ses indignations, le mode de vie qu’elle a choisi, la difficulté à vivre le couple) il me paraît évident que Dorothy Parker, en résistance au monde dans lequel elle a vécu, serait en totale opposition avec le monde d’aujourd’hui, si affreusement plat, si affreusement conforme, si affreusement consensuel. Dorothy Parker n’est pas une provocatrice, comme on a pu l’écrire, parce que les grands écrivains n’ont pas de temps pour ça. En revanche, elle a suffisamment cultivé sa singularité, mis sa sincérité à l’épreuve, su rester effroyablement vivante, sublimement élégante et régulièrement indignée pour incarner à merveille l’anticonformisme absolu, celui dont on manque cruellement dans notre société si proprette, où chaque chose semble si bien à sa place qu’on la croirait inventée par les femmes d’intérieurs des années 60.
Dorothy est dérangeante, aussi, parce qu’elle est parfois injuste et sans concession; mais sa sincérité et ses fêlures internes la grandissent et ne peuvent que nous aider à "déranger" nos idées reçues, nos idées si bien ficelées à la pensée unique contre laquelle nous devons lutter chaque jour.
J’espère que ce que Dorothy Parker a produit en moi, à travers son œuvre, cette pièce réussira à le produire sur le plus grand nombre. Il faut pour cela écouter cette Diva qui ne chantait pas, qui ne pleurait pas, mais qui regardait les autres avec une irrésistible acuité et un sens de l’humour qui n’a d’égal que son élégance.
Jean-Luc Seigle
Note d’intention de mise en scène
Dorothy Parker, icône incontournable de la littérature américaine, une grande gueule assoiffée de verbe et de bourbon... une écrivaine aux talents multiples, qui faute d’avoir écrit son roman la tout simplement vécu. Cette vie est faite d’innombrables articles de presse que tout le monde s’arrache, de nouvelles magnifiquement ciselées sur le genre humain mais aussi de scénari hollywoodiens qui lui vaudront un Oscar.
Mais si je m’arrêtais là cela vaudrait il une pièce ? À cette question je réponds : plus que jamais !
C’est en découvrant le texte de Jean-Luc Seigle que j’ai pris conscience qu’elle avait mené bien d’autres combats qui seraient peut-être improbables aujourd’hui. J’ai donc voulu à travers une mise en scène sobre mais lumineuse et rythmée comme une improvisation de jazz, faire ressentir au public que ce personnage à la fois mondain et révolutionnaire pouvait nous parler de sujets qui encore aujourd’hui sont d’une étonnante actualité. De sa relation drôle et émouvante avec le concierge de son hôtel ainsi qu’avec son mari qu’elle épousa deux fois et avec cet esprit vif qui la caractérise on pouvait se permettre de faire un vaste portrait de l’Amérique. Malgré sa solitude et sa déchéance, la plupart du temps sauvée par sa lucidité et son humour féroce, elle parle encore à chacun de nous. Oui, car cet écrivain parle... de tout le monde, de ses amours, des gens du peuple, des stars hollywoodiennes, des hommes politiques ainsi que de leurs femmes, sans oublier les écrivains et les chiens ! De Sacco et Vanzetti à Martin Luther King on pourrait croire que c’est un drame. Bien au contraire, car c’est avec un humour ravageur qu’elle peint notre société. Je pense aussi qu’au-delà de la pièce le public découvrira une femme hors du commun, au talent considérable... celui aussi d’avoir cru jusqu’au bout que la vie pouvait se rêver... parfois avec l’aide d’un bon verre de bourbon !
Arnaud Sélignac
Distribution
- Dorothy Parker : Natalia Dontcheva
- Auteur : Jean-Luc Seigle
- Metteur en scène : Arnaud Sélignac
- Costumes : David Belugou
Production: Ladyboys film - Laurence Bailly
Presse
« Du sur-mesure pour Natalia Dontcheva »
«Epatante Natalia Dontcheva! (...) Elle incarne à merveille Dorothy Parker, cette femme étonnamment moderne, dans une Amérique conservatrice et réactionnaire. Tour à tour, drôle ou désespérée, cynique ou réfléchie, impudente ou cajoleuse, dérangeante ou sincère, l’actrice joue tous les sentiments pour nous tenir en haleine. »
«L’auteur de la pièce, Jean-Luc Seigle a formidablement du retranscrire la démesure et l’élégance de cette grande dame. »
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